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mardi, 05 mai 2015 09:40

Pratique du journalisme: L’avenir de la profession menacé au Cameroun

Écrit par  Hervé Villard Njiélé
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Les violations fragrantes de la liberté de la presse et la précarité parmi les multiples  menaces qui freinent l’épanouissement des médias et des journalistes au Cameroun.

C’est avec beaucoup de retenues  que les journalistes membres du syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) réunis à Douala  à l’occasion de la célébration de la 22ème édition de la liberté de la presse  ce 3 mai 2015 n’ont pas coulé de larmes. Après le  bilan de la pratique de cette profession au Cameroun, bilan qui est connu de  tous, les participants ont souri. Ce sourire malheureusement ne traduit pas la joie comme l’on pouvait s’y attendre. Mais plutôt  la déception. Et plus encore, la prise de conscience collective  de ce que l’avenir les conditions de vie des journalistes exerçants au Cameroun, sont de plus en plus précaires et  les journalistes de plus en plus exposés.

Parmi les différents facteurs qui menacent l’avenir de la profession de journaliste au Cameroun, les différents participants ont dénoncé de manière unanime le non-respect  de la convention collective, les nombreuses violations de la liberté de la presse, les salaires insignifiants, la non affiliation à la Caisse nationale de la prévoyance sociale (Cnps), le non-paiement des primes de risque pour ne citer que ceux-ci. Bref la condition sociale du journaliste  de la presse privée au Cameroun est tellement précaire qu’il ne permet pas à ce dernier d’exercer librement cette profession. «Mon fils a déclaré qu’il ne pourra jamais être journalistes comme moi. A la question de savoir pourquoi, il me déclare qu’il ne peut pas être pauvre comme son père», raconte Charles Cacharel Ngah Nforgang durant la célébration de la 22ème édition de la journée  internationale de la liberté de la presse.

 

Difficile de s’épanouir

 

D’après le responsable de la communication et des alertes au Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) qui parle avec humour de la mauvaise condition sociale des journalistes de la presse privée au Cameroun, il est difficile de s’épanouir dans cette profession au Cameroun. Un argument partagé par l’ensemble des journalistes présents et par Roland Tsapi «Le journaliste est le seul employé qui exerce mais ne travaille pas. C'est-à-dire qu’il ne bénéficie d’aucune condition d’un travailleur normal qui a un salaire décent, qui est affilié à la Cnps qui bénéficie de l’assurance maladie. Il ne bénéficie rien de tout cela», décrie avec beaucoup d’amertume l’ancien chef service société du quotidien Le messager. D’après celui qui milite pour la revalorisation de la condition du journaliste au Cameroun, «il faut que des choses soient faites pour que le journaliste se sentent protégé qu’il est une vie décente et exerce convenablement cette noble profession», déclare Roland Tsapi  tout en regrettant ce qui se passe.  

Si les responsables de cette situation sont nombreuses, l’Etat et les patrons de presse sont les premiers sur qui un doigt accusateurs est pointé.  Parlant de l’Etat,  celui-ci d’après Denis Nkwebo, président par intérim du Syndicat national des journalistes du Cameroun, ne joue pas son rôle de médiateur et de régulateur. Pis encore, celui-ci enfonce d’avantage le clou en réduisant l’aide publique à la presse privée.  D’après des informations publiées par le Snjc, cette aide publique à la presse privée au Cameroun est parmi les plus  insignifiants de la sous-région Afrique centrale. Puisqu’elle est de 100 millions Fcfa  au Tchad, de 275 millions Fcfa et à plus de 500 millions Fcfa au Gabon.

Pour Mathieu Nathanaël Njog, secrétaire général du Snjc, cette situation de précarité, encourage la corruption dans la profession et amène les journalistes à ne plus être objectifs. Elle est aussi à l’origine d’autres dérives telles la manipulation, le  journalisme à gage et plein d’autres encore. Avec cette situation, concluent les membres du Snjc, «le journaliste ne peut pas bien informer et ne peut être un acteur de développement de sa société».

 

Hervé Villard Njiélé

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