.Cependant à la veille de ce scrutin où les enjeux de changements sont bien pauvres au vu des programmes d’une opposition née du ventre du Pdg, il est bon de faire quelques rappels.
Comment se présente la scène politique gabonaise et quelles sont les chances de l’équipe de Ping de l’emporter ?
A priori elles sont minces ! D’abord-et essentiellement- parce que ce n’est pas un classe politique nouvelle qui va s’opposer à Ali Bongo Ondimba. ensuite parce que les atermoiements successifs de Ping et de son équipe en matière de stratégie n’ont pas encore permis à leurs formations politiques d’avoir le contrôle social et la capacité organisationnelle de faire bouger les gabonais, à cause de la structure même du mouvement social gabonais .
Celui-ci, avec sa société civile, n’a jamais manifesté un désir de rupture structurelle avec les relais du parti unique tissés patiemment par Bongo le père. Méthode qui a pu dompter ce peuple à, coups de largesses, de milliards et grâce au pétrole. En instituant un système patrimonial les fonctionnaires, hauts cadres, patrons du privé, forces religieuses et traditionnelles, n’avaient d'autres issue que de subir les largesses - fort confortables au demeurant- du Père Bongo . Ainsi le Pdg a su assujettir la conscience du peuple gabonais à la culture de l’obéissance, de la peur et de la superstition. Les crimes rituels gabonais étant monnaie courante en pays fang-béti, il n’en a pas fallu plus au cours des années pour consolider une culture de la renonciation et de la résignation.
Par ailleurs aucune formation révolutionnaire n’a su ou pu travailler pendant ces dernières décennies, à des alternatives pour disons, camper le décor et tracer la route d’une révolution politique culturelle, économique et sociale au Gabon.
Au moment où Ping et son équipe se présentent, la donne socio-économique ne laisse pas non plus de place à une l'hypothèse d'une transgressions des anciens paradigmes. Et ni Ping, ni son épique ne propose une quelconque différence de fond avec le système Bongo!!! Et pour cause! Leur seul d’ordre étant le même qui est répété partout en Afrique. «Il faut changer les hommes pour que le système change » ! Et « aussi nous sommes différents parce que nous n'avons pas le même patronyme». Certes mais il s'agit du même Adn politique C'est donc un pari é difficile à tenir. Même si l'antienne semble marcher sous les tropiques, où la rue n’arrive pas à se débarrasser des hommes du système, ni même du système. Et ne parvient qu'à mettre Pierre à la place d'Ali, sans changer leur parenté politique. Comme c'est le cas de Roch Kabore au Burkina Faso, de Macky Sall au Sénégal, bien qu'ils fussent portés au pouvoir par une mobilisation sans précédent de la classe politique et une génération dynamique de mouvements de leur jeunesse.
La situation au Gabon est symptomatique de la sédimentation de la vie politique, par un parti unique qui a violemment, patiemment et systématiquement assuré le contrôle politique sur les masses.
Malgré les mises en garde sur la rudesse du combat, il est évident que les adversaires de Bongo auront contre eux cette historiographie de la vie politique gabonaise. L’ont-ils assez mesuré ou alors aveuglés par leur ambition légitime d’être présidents, ils n’ont pas su qu’en politique l’affaiblissement de l’adversaire ne se fait pas seulement sur l’écume des vagues. Car malgré la campagne plus ou moins nauséeuse lancée contre Ali Bongo à propos de l’authenticité de sa filiation avec le Père – argument au demeurant très administratif-l ‘opposition n’a pas su entamer ou attaquer les bases politiques du Pdg.
A moins de dix jours du scrutin, si le Gabon mondain est en effervescences, il faut voir ce qui se passe dans l’arrière-pays et identifier les points névralgiques de l’électorat et évaluer le poids de l’équipe de Ping pour savoir si elle peut y faire mal.
Séduire les 628.000 électeurs à travers des campagnes étincelantes à quelques mois du scrutin, n’est guère à l’avantage de l’opposition.
Même si Casimir Oye Mba, ancien premier ministre de Bongo, Guy Nzouba-Ndama, se sont alignés derrière Ping, il n’est pas évident que ça fera mal à Ali, parce que c’est Ping.
Alors est-ce Ping qui le fait mal ? Peut-être. Parce que plus que ses deux autres acolytes, il n’incarne pas la différence, lui qui fut plus que liés avec la famille Bongo. Tant politiquement que sentimentalement. Incarne-t-il pour la jeunesse gabonaise, le candidat de la différence ? L'espoir qui fait vivre ? Difficile à dire. Qui sont en réalité les 628.000 électeurs inscrits sur les listes électorales gabonaises. Sont-ils jeunes en majorité ? Urbains ou ruraux ou rurbains? Que connaissent-ils de l’histoire politique des hommes qui vont se présenter à leur suffrage le 27 août prochains ? De la réponse à ces questions dépendra le résultat de l’équation présidentielle gabonaise.
Car malgré toutes les passions qu’elle mobilise, la politique a ceci de particulier, que au-delà des rêves, des désirs, elle reste strictement et parfaitement prévisible. On peut scientifiquement établir des courbes, les champs des influences, les invariants à partir de la lecture sociologique du comportement d’un électorat qui pendant des années, s’est contenté des normes du parti unique sans même soulevé sa tête pour changer et changer vraiment.
Le Gabon va-t-il après cette élection basculé dans la violence version Rdc ou Congo Brazzaville ? Difficile à imaginer tant les entités sont petites et l’équation ethnique moins violente sur ce terreau relativement stable et homogène sur le plan culturel, des cosmogonies et croyances et cette sédimentation quasi séculaire autour du Pdg. Alors Ali Bongo Ondimba ou la troïka Ping-Oye Mba-Nzouba-ndama ? C’est bonnet blanc et blanc bonnet et j’étais gabonaise je voterais nul !