Malgré la pluie qui s’est abattue sur la capitale économique ce 20 mai au petit matin, ils sont venus nombreux à la place de la Bessèkè, communier et apprécier la grande parade de la célébration de la fête de l’unité 2016. Présidée dans la ville de Douala par le gouverneur de la région du Littoral, Dieudonné Ivaha Diboua, c’est par les décorations que la cérémonie va commencer.  Y allant de nombreux hommes et femmes  seront décorés chevalier de l’ordre de valeur.

10h, place au défilé. C’est le défilé militaire qui ouvre le bal.  Celui-ci  est en deux temps, à savoir, le défilé à pied et celui motorisé.  Pour le premier cas, c’est sur la cadence de la fanfare,  que la gendarmerie fera son entrée. Dans les pas bien rythmés, elle sera suivie  tour à tour par le groupement polyvalent de la gendarmerie, l’armée de terre, le Bir, la police, les Douanes, les militaires, le génie militaire, la marine nationale, les sapeurs-pompiers  et même les retraités de l’armée pour ne citer que ces différents corps de l’armée.  Ensuite, le défilé motorisé va permettre de découvrir le nouveau parc automobile de la gendarmerie, de la police et les gros engins du génie militaire. Après plusieurs minutes de défilé bien harmonisé, ce sera au tour des civils de prendre place.  Un hommage à la femme rurale est rendu ici. Des femmes qui arborent des tenues traditionnelles et portent des paniers contenant des fruits de la récolte, seront de la partie. Après ce passage, c’est l’éducation de base qui ouvre avec les écoles publiques. A ce moment, les tout-petits à travers des chants ont à leur tour exprimé leur patriotisme. Et tour à tour, vont suivre dans cette partie, les élèves du secondaire à savoir, les lycées et collèges.  Les établissements scolaires sortent de la danse par les établissements de l’enseignement supérieur. L’université de Douala va ouvrir le bal, trainant ainsi plusieurs instituts d’enseignement supérieur installés dans la ville.

Une forte mobilisation du Sdf

Un moment tant attendu, le passage des partis politiques. C’est certainement le passage le plus sensible au moment où les Camerounais et même de différents bords politiques doivent se mettre ensemble et  célébrer  l’unité nationale. Pour cette année encore, aucun message  n’a été permis et aussi seuls les partis représentés à l’assemblée nationale ont pris part à cette parade.  Un parti qui n’a pas laissé les gens insensibles au passage au cours de cette célébration, c’est bien le Social Democratic Front. L’on a noté une forte mobilisation du Sdf cette année 2016. Ce qui n’a pas laissé certains indifférents. « On dirait que le Sdf se réveille, mais il faut que cela continue avec les inscriptions sur les listes électorales et notamment aux urnes », indique un usager.  En effet, tous les arrondissements du département ont été représentés, avec à leur tête les différents présidents. D’autres partis ont brillé par leur présence, entre autres  l’Upc, Undp, Rdpc et le Mrc. Et au Gouverneur de conclure en disant que ce défilé a été l’image parfaite de l’unité nationale. «  Nous Nous venons de vivre à Douala, un défilé riche en symbole national. Les forces de défense, les forces vives, comme un seul homme sont venus signifier leur  participation à l’intégration et à la préservation de la paix et montrer qu’on est tous Camerounais », précise le gouverneur.

A titre de rappel, la 44^ème fête nationale s’est célébrée sous le thème. «  Forces de défense et forces vives de la nation, ensemble pour la lutte contre le terrorisme, la préservation de la paix et de l’intégrité territoriale ».

Réactions

Que pensez-vous de l’unité Nationale  au Cameroun ?

Gue Simon, usager

« Nous sommes à 90% de réussite de l’unité »

L’unité Nationale, c’est un appel de reconnaissance à tous les citoyens Camerounais, qu’ils soient  indivisibles. C’est la matérialisation de l’appartenance de tout citoyen Camerounais, quelle que soit la région d’appartenance  à un idéal, celui de l’avancement d’un groupe, qui est le Cameroun. Et plus au rassemblement autour des idéaux prescrits par un chef de l’Etat. Nous sommes à 90% de réussite de l’unité. Vous pouvez trouver un Bassa bien installé chez les Douala.  Un Bamiléké est adopté comme un digne fils du Moungo. Un Beti qui est adulé dans la Sanaga Maritime. Les exemples sont partants et c’est un symbole de l’unité nationale.

Emmanuel Talla, chef du quartier Bilongue

« Les Camerounais doivent dénoncer tout ce qui peut entraver à la paix »

Comme beaucoup de Camerounais, je pense que l’unité  nationale s’est beaucoup renforcée dans mon pays. Malgré le multipartisme, comme un championnat de football, nous restons un et nous vivrons et mourons Camerounais. Je vais rappeler que partout où le Camerounais se trouve, il est chez lui.  Il n’y a  pas de Camerounais à part, c’est-à-dire que le Cameroun passera avant nos villages d’origine. Donc ceux qui croient au pays, doivent le soutenir  comme le font les forces de défense. Ils ne combattent pas pour un peuple, mais pour la nation.  Nous devons au cours de cette période de crise, pour renforcer notre unité, accompagner cette force de défense par la dénonciation, parce que tous les Camerounais n’ont pas les armes pour aller au front. Tous les Camerounais partout où ils se trouvent doivent dénoncer tout ce qui peut entraver à la paix, en dénonçant tout ce qui est suspect. Et je crois enfin que personne, même pour les raisons de pouvoir ne peut détruire ce climat de paix.

Dr  Lazare Bogne  Teguia, Juriste d'affaires

« Chaque citoyen doit procéder à une véritable introspection »

L'unité nationale est une notion qui suppose au premier chef la diversité. Elle devrait constituer le socle de l'action des membres d'une communauté hétérogène, en vue d'assurer sa pérennité. Toute chose qui ne semble pas en phase, en l'état actuel de la situation au Cameroun, avec la réalité.   En effet, la plupart des dirigeants dont les discours à longueur de journée consacrent l'unité nationale, font le lit de la discrimination à travers les décisions et les actes qu'ils posent  au quotidien. Ce qui se présente à n'en point douter comme un obstacle à l'unité nationale dont le Cameroun vient de célébrer le 44.eme anniversaire.    Il devient plus que jamais impératif pour chaque citoyen de procéder à une véritable introspection, mieux une mue, exercice au bout duquel jailliront des solutions et résolutions susceptibles de contribuer à l'ancrage d'une unité nationale réelle dans les mœurs et habitudes des Camerounais. 

 Propos receuillis par Lucienne Wouassi

 Lucienne Wouassi