Président tchadien et président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac), Idriss Déby Itno a tenu des propos remarquables et édifiants dans l’allocution qu’il a prononcée le lundi 16 février 2015 devant ses pairs, au Palais des Congrès de Yaoundé. Au cours de la session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement du Conseil de paix et de sécurité (Copax). Sommet organisé dans le cadre de la riposte de la Ceeac contre l’action criminelle du groupe islamiste nigérian Boko Haram. Idriss Déby Itno a particulièrement rendu hommage aux soldats de la coalition qui ont trouvé la mort jusqu’ici en combattant le groupe islamiste Boko Haram : «Permettez-moi de vous demander de vous lever pour observer une minute de silence pour la mémoire des soldats camerounais et tchadiens tombés sur le champ de bataille dans la lutte contre Boko Haram», a déclaré Idriss Déby Itno devant ses pairs.
Idriss Déby cite Maître Sun…
Idriss Déby aussi noté ce qui suit : «Notre pays est inscrit dans une logique panafricaniste (…).Nous exhortons toute la communauté internationale à nous apporter leurs soutien logistique, financier, militaire, (…)», a ajouté Idriss Déby Itno qui a reçu un hommage mérité du président Paul Biya. Au moment de conclure son discours, le général-président, chef de guerre et comandant des armées tchadiennes Idriss Déby Itno a cité le penseur et stratège militaire Chinois Sun Tzu qui a écrit entre autres ouvrages le célèbre «L’art de la guerre». La citation qui a captivé l’attention des autres chefs d’Etat présents et des représentants des présidents empêchés est celle-ci : «La guerre est semblable au feu. Lorsqu’ elle se prolonge, elle met en péril ceux qui l´ont provoquée». Une sorte de mise en garde adressée à Boko Haram sous les applaudissements de ses pairs !
Un communiqué final et une déclaration ont sanctionné les travaux. Dans la Déclaration de Yaoundé, les participants ont unanimement pris des engagements en matière de lutte contre Boko Haram en condamnant les agissements de Boko Haram et ses financements. Le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies(Onu) Ban Ki-moon était représenté par Abdoulaye Bathily son représentant en Afrique centrale, notamment le chef du bureau régional de l’Onu en Afrique centrale. Ce dernier a présenté ses condoléances aux familles endeuillées par la guerre. La présidente de la Commission de l’Union africaine (Ua) Nkosazana Dlamini-Zuma était représentée par le général congolais Jean-Marie Michel Mokoko. L’Union africaine (Ua) a été remerciée dans ses initiatives visant la lutte contre Boko Haram.
Force multinationale : accélérer le processus…
Il a été demandé à l’organisation panafricaine d’accélérer le processus de la mise oeuvre de la force multinationale mixte qui doit mobiliser 8700 personnels militaires, de police et civils. Le nombre d’hommes retenu selon le communiqué final de la réunion d'experts qui s’était tenu du 5 au 7 février 2015 à Yaoundé. L’Union africaine(Ua) est priée d’acheminer le plus vite possible le dossier auprès du Conseil de sécurité des Nations Unies. Afin que la force multinationale de lutte contre le groupe islamiste nigérian Boko Haram entre rapidement en action. Hormis le Tchad dont les troupes sont déjà déployées aux frontières camerounaise, nigérienne et nigériane, le Cameroun et le Niger sont aussi sur le terrain pour renforcer les efforts du Nigeria dans la lutte qu’il mène contre Boko Haram , qui a fait plus de 13 000 morts et 1,5 million de déplacés au Nigeria depuis 2009. Sans compter les
centaines de milliers de déplacés du Cameroun.
Egalement voisin du Nigeria, le Bénin s’était aussi proposé de participer en envoyant des troupes pour marquer sa solidarité agissante. Chaque pays de la Ceeac doit apporter son soutien qui est multiforme. Dans le cadre du pacte d’assistance mutuelle entre les Etats membres de la Ceeac, - devoir d’assistance à un pays membre agressé – c’est le cas du Cameroun et du Tchad -. Outre l’envoi des troupes, il y a l’assistance militaire en équipements ou en appui aérien, l’assistance financière et humanitaire. Par ailleurs, un fond spécial a été recommandé. Il a été convenu d’un montant de 50 milliards de FCFA pour soutenir activement le Cameroun et le Tchad dans le cadre du financement de la lutte visant à éradiquer Boko Haram. Une coopération plus dynamique entre la Ceeac et la Communauté économique des Etats de l’ouest (Cédéao) a été encouragée.
Coordination et synergie d’actions de lutte
Les pays des deux organisations des sous régions d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest étant concernées et préoccupées par le terrorisme. Dans cette perspective, les participants ont accordé leurs violons sur une rencontre tripartite qui permettrait de préparer un sommet auquel prendrait part les dirigeants des Etats membres de la Ceeac et la Cédéao. Le but étant pour la Cédéao et la Ceeac d’élaborer une stratégie commune de lutte et d’asseoir une coordination et une synergie des actions de lutte contre Boko Haram. Six délégations sur les dix Etats membres e la Ceeac étaient conduites par des chefs d’Etats. Etaient effectivement présents les présidents Paul Biya du Cameroun, Ali Bongo Ondimba du Gabon, Denis Sassou Nguesso du Congo, Teodoro Obiang Nguema de la Guinée équatoriale, Idriss Déby Itno du Tchad et Catherine Samba–Panza, chef d’Etat de la Transition en République centrafricaine (Rca). Les présidents de l’Angola, du Burundi, de la République démocratique du Congo (Rdc) et du Sao Tome et principe se sont faits représentés à ce sommet.
Edmond Kamguia K.