Chef de département de sociologie à la faculté des Arts, Lettres et sciences humaines de l'Université de Douala, Stella Nana-Fabu vient de publier «Woes of Womanhood. An African experience » aux éditions Miraclaire Academic Publications. Elle a dédicacé cet ouvrage à la salle des banquets de la cathédrale Saints Pierre et Paul de Bonadibong à Douala le mercredi 4 mars 2015. Préfacé par le Pr Valentin Nga Ndongo, cet ouvrage traite de la situation de la femme au Cameroun. Sous l’angle du genre. Sur l’originalité de l’approche, le sociologue Valentin Nga Ndongo fait remarquer que le «professeur Nana-Fabu adosse son analyse non à une lecture classique du phénomène, mais à un récit, une histoire individuelle et singulière qui permet à l'auteur d'aborder des problématiques aussi variées que diverses que l’urbanisation, l’école et le racisme, la sexualité, la pauvreté, les dynamiques démographiques».
Marginalisation, chosification et discrimination
Disciple de Jean Marc Ela, Stella Nana-Fabu estime que «les relations de genre qui se tissent au cours de nos relations sont entachées de préjugés qui participent à la marginalisation, à la chosification et la discrimination de la femme. Elles sont institutionnalisées et pérennisées. Les constructions du genre sont dynamiques en fonction des enjeux culturels, sociaux et politiques, mais aussi en fonction du contexte.» Ayant fait le constat de «la subordination de la femme à l’homme, des femmes qui ont de emplois instables et qui sont mal rémunérés», ainsi que «des jeunes filles «objets d’ornement dans la société», Stella Nana-Fabu propose «une socialisation neutre pour une société juste et inclusive». Une socialisation qui émanciperait la fille en la sortant du joug d’une vision ségrégationniste de l’éducation.
Stella Nana-Fabu veut «sortir les garçons et filles de la vision ségrégationniste dans laquelle ils sont éduqués. Ils pourront mieux s’investir dans la construction de la société. Cela est nécessaire pour le développement et la stabilité du Cameroun», a-t-elle déclaré face à la presse avant d’ajouter que «les femmes sont les mêmes partout sur le plan biologique, elles sont différentes sur le plan de la construction sociale. Je suis très touchée par l’ignorance des femmes en ce qui concerne leurs droits. Elles soufrent de beaucoup de maux. Elles subissent beaucoup de choses. Même en milieu universitaire. C’est à cause de la socialisation de la société patriarcale», a poursuivi Stella Nana–Fabu.
Pauvreté de la majorité démographique
«Woes of Womanhood. An African experience» de Stella Nana-Fabu est un livre de 354 pages bâties autour de six chapitres. Le Pr Rémy Sylvestre Bouelet de l’Université de Douala et le sociologue Armand Leka Essomba de l’Université de Yaoundé I sont intervenus lors de la dédicace de ce livre pour enrichir la discussion et les échanges. Armand Leka Essomba, qui partage avec Stella Nana-Fabu la même filiation à Jean-Marc Ela, a noté que l’auteure s’intéresse particulièrement à une catégorie de pauvres: les femmes qui constituent «une majorité démographique». C’est en quelque sorte le prolongement d’une problématique que Stella Nana-Fabu avait commencé à développer dans « The Feminisation of Poverty in Cameroon». Un ouvrage qu’elle avait dédicacé le mardi 2 mars 2010 à la salle de conférence de l'hôtel Lewat à Douala. «The Feminisation of Poverty in Cameroon» est un ouvrage publié aux Editions Clé en 2009. Stella Nana-Fabu est titulaire d'un Ph.d obtenu à l’Université du Wisconsin-Milwaukee, aux Etats-Unis d'Amérique.
Edmond Kamguia K.
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