Rien ne va plus à l’église évangélique du Cameroun (Eec) paroisse de Ndiangdam. Le climat de tension qui règne entre le pasteur Mathieu Téné Fopa et une bonne frange de fidèles a failli dégénérer en violentes émeutes dimanche 11 décembre 2016. En effet, plusieurs centaines de fidèles ont assiégé l’église et ont scellé la porte d’une chaine. Même le prétexte de la célébration de la Sainte-cène n’a pas suffi pour convaincre les fidèles mécontents à surseoir leur mouvement. Ils scandaient des slogans et brandissaient des pancartes hostiles au pasteur Fopa. Leur vœu ultime, voir partir ce pasteur. Cette colère contre l’homme de Dieu puise sa source dans les actes qu’il a posés. Depuis son affectation dans cette paroisse, nous renseignent des fidèles rencontrés, pasteur Fopa ne cesse de développer un comportement radical vis-à-vis des fidèles ayant des liens avec leurs traditions ancestrales. Et particulièrement contre les fidèles initiés au Nyang-nyang (un rite faisant de coutume Bafoussam). Ces derniers ont tout simplement vu leurs candidatures exclus des élections des anciens d’églises et de diacres. Cette accusation est d’ailleurs contenue dans une lettre de désapprobation adressée à la hiérarchie de l’église par les présidents des groupes de la paroisse Eec de Ndiangdam. « La sélection des candidats s’est faite sous fond de combat annoncé et exécutée contre un groupement, notamment le groupement Bafoussam. Depuis l’annonce des élections, le Pasteur n’a manqué aucune occasion d’annoncer officiellement qu’aucun initié à Nyang-Nyang ne fera partie du nouveau conseil de l’église » lit-on. Or dans la tradition du peuple Bafoussam, l’initiation est obligatoire pour se considérer homme. Les fidèles originaires de Bafoussam constatent qu’en vue des élections sus évoquées, le pasteur a passé outre les textes en vigueur à l’église, notamment l’article 99 alinéa 2 qui dispose que « la commission électorale indépendante est mise en place par le corps électoral sur proposition du conseil des sages pour l’élection au sein de l’assemblée paroissiale», dans le but de leur nuire. Bien plus se plaint-on, le pasteur a décidé de réduire le nombre de membres du conseil d’église qu’il a trouvé en place de 43 à 22. Les exclus étant des initiés au Nyang-nyang. Pire, des candidats retenus seraient membres d’un cercle exotérique et mystique dont le pasteur serait le gourou. « Certains candidats retenus appartiennent à un cercle mystico-exotérique et sont si nouveaux en paroisse que l’on se demande d’où ils viennent », croient ces fidèles. « Il nous a demandé de venir dans son cercle et nous avons refusé. C’est pourquoi il s’acharne contre nous », fulmine un ancien d’église écarté.
En dépit des réserves émises l’élection en question a eu lieu le 6 novembre 2016. Sur les 852 personnes inscrites, seules 169 avaient accepté d’aller aux urnes. Plusieurs personnes présentes avaient plutôt choisi de claquer la porte après qu’une ultime tentative d’obtenir l’annulation de l’élection auprès de la représentante du président de la du district de Bafoussam B, n’ait pas prospéré. En attendant d’être écouté par les instances supérieures de l’Ecc qu’ils ont saisies et qu’une solution définitive soit trouvée, les fidèles mécontents, entendent prendre d’assaut à chaque fois l’église pour empêcher aux cultes de se tenir. Joint au téléphone, Mathieu Téné Fopa s’est abstenu de tout commentaire. « Je n’ai rien à vous dire. Allez écrire ce que vous voulez comme les autres », nous a-t-il signifié
Vivien Tonfack